dimanche 15 juin 2014
Les filles de saint A.
Un jour, comme ça, je tombe sur une photo qui me scotche, et que j'essaie de rendre différemment de d'habitude.
samedi 14 juin 2014
samedi 10 mai 2014
Pas d'oeil, pas de problème.
Comme je sais que certains adooorent mes minutes par minutes et me regardent avec de grands yeux (hum) quand je dis que j'ai fait opérer les miens : "et, c'était comment ?" Voilà comment c'était.
08h16 : On arrive au portail de la
clinique.
08h16'30 : Tous les bâtiments
sont fléchés vers les chemins différents mais tout semble
converger vers la même entrée en haut.
08h17 : On prend donc le chemin le
plus court pour monter vers la même entrée en haut.
08h17'10 : Il n'y a alentours que
des livreurs qui déchargent des camions.
08h17'15 : Peut-être qu'ils
évacuent les yeux des patients énucléés.
08h17'30 : Ou que l'état a
tellement réduit le budget de la médecine que ce sont eux qui
opèrent.
08h17'45 : Ou que ce sont des
lutins infiltrés qui ont trouvé la phase deux, entre 1 : slip,
3 : profit. (#southpark)
08h18 : Ça suffit les conneries.
08h18'30 : Je suis plutôt
détendue.
08h19 : On trouve l'entrée.
08h19'10 : Je demande à la
secrétaire où est-ce qu'on se fait opérer, pour les yeux.
08h19'15 : Au Pôle Vision, me
répond-elle.
08h19'25 : Et, c'est où ?
08h19'30 : Là où c'est fléché
Pôle vision. En bas à gauche quand on arrive au portail de la
clinique.
0819'45 : Logique.
08h20 : On ressort, et on trouve
qu'il n'y a tellement rien à gauche qu'on prend à droite
08h21 : La droite, la gauche...
selon où on se trouve, c'est subjectif de toute façon, non ?
08h22 : …
08h23 : …..
08h24 : C'était bien à gauche.
08h25 : Le jeune médecin qui fait
faire les tests avant l'opération est un curieux mélange de mon
ancien pierceur rue Berlioz et de Todd, un des docs dingues de
Scrubbs.
08h25'15 : Ça doit être le
bandana qui fait ça.
08h25'30 : Et les tatouages chelou
sur les bras.
08h26 : Todd, occupé avec un
autre patient, nous fait attendre dans la salle d'attente.
08h26'30 : Je suis plutôt
détendue.
08h27 : Même si j'ai peur que
Todd, après examen de mes yeux, estime qu'ils ne sont pas opérables
aujourd'hui.
08h29 : Todd m'appelle et me
demande nom prénom date de naissance, et me fait poser le menton sur
machine 1 pour n'yeux. Il me demande de ne pas cligner des yeux
pendant qu'il examine tout à tour l’œil droit et l’œil gauche.
08h31 : « On va la refaire,
Laure. Vous avez cligné des yeux, je pense. »
08h31'15 : Ah, ça va hein !
Réflexe naturel mec !
08h33 : Todd me fait passer sur
machine 2 pour n'yeux qui, pour ce que j'en vois, fait foutrement la
même chose que la première.
08h34 : Todd imprime de jolies
photos de mes n'yeux (qui ressemblent à tout sauf à des n'yeux).
08h34'30 : « Vous avez des
questions, Laure ? » me demande aimablement Todd.
08h34'45 : « Euhnon »
dis-je.
08h34'50 : En même temps, je suis
plutôt détendue, tu vois.
08h35 : Alors on y va, dit
aimablement Todd.
08h35'30 : Cool.
08h36 : Todd nous fait patienter
dans une salle d'attente avec des lumières tamisées au plafond.
08h36'10 : Il y a même une
machine à café.
08h36'15 : Il y a un monsieur
d'un certain âge qui attend.
08h36'30 : Mad lorgne d'un
air torve sur la machine à café
08h37 : Todd veut récupérer le
formulaire de consentement du monsieur avant moi.
08h37'15 : Le monsieur avant moi
est un mauvais élève qui n'a pas amené son formulaire de
consentement.
08h37'30 : Todd me demande
aimablement mon formulaire de consentement.
08h37'45 : Je tends fièrement mon
papier de consentement.
08h37'55 : Na na nère !
08h37'56 : En gros, ça veut
dire qu'on sait qu'on peut devenir aveugle suite à l'opération.
08h37'57 : Voilà voilà.
08h38 : Todd affuble illico presto
le monsieur devant moi d'une chemise bleue foncée très laide et
d'une charlotte en nylon plus laide encore.
08h38'10 : Et de faux chaussons en
papier.
08h38'15 : Je ricane sous cape.
08h39 : Le monsieur avant moi
s'est vu mettre des gouttes dans les yeux par Todd et se dirige en
renâclant vers la salle d'op.
08h39'10 : Essaie de souffrir en
silence, mec !
08h39'15 : Moi en tous cas, je
suis plutôt détendue.
08h39'30 : Je demande en aparté à
Mad s'ils auraient des chemises noires, pour l'opération.
08h39'45 : Mad me dit qu'il ne
pense pas, non.
08h39'55 : Je lui demande si à
son avis, on ne peut pas avoir des petites chauves-souris noires sur
la charlotte.
08h40 : Mad me dit qu'il ne pense
pas, non.
08h40'05 : J'ai envie de commencer
à bouder.
08h40'10 : Aujourd'hui est le jour
le plus important de ma vie, et je ne veux pas qu'il se passe avec ma
tête sous une charlotte en nylon bleue clair.
08h40'15 : Bon, d'accord,
aujourd'hui n'est pas le jour le plus important de ma vie.
08h40'30 : Tant pis pour les
chauves-souris.
08h40'45 : Mad décide de se faire
un café.
08h40'50 : Clic.
08h40'55 : Mad demande à la
machine à café pourquoi elle fait « clic » quand il
s'approche d'elle.
08h41 : La pensée qu'on doit
peut-être avoir l'air un peu dingue me traverse l'esprit.
08h42 : On attend.
08h43 : On raconte quelques
conneries, comme d'hab.
08h44 : Je suis plutôt vachement
détendue.
08h45 : Todd se pointe avec
l'attirail vestimentaire idoine pour l'opération.
08h45'15 : Todd m'annonce qu'il a
une plus jolie robe pour moi que pour le monsieur d'un certain âge.
08h45'25 : Mad lui demande si elle
va être noire.
08h45'35 : Todd lui répond que
non.
08h45'45 : Todd demande si ça va
aller quand même.
08h45'55 : Je dis que pour cette
fois ça ira.
08h45'58 : Todd me dit que sinon,
il y en a une bleu clair.
08h46 : Je lui dis que je préfère
bleu foncé.
08h46'10 : Mad annonce d'un
ton sentencieux que plus c'est foncé, mieux c'est.
08h46'20 : Todd n'a pas l'air
de nous prendre pour des dingues.
08h46'30 : Todd me saucissonne
consciencieusement dans la chemise et me colle la charlotte sur la
tête.
08h46'40 : Mad se moque.
08h46'50 : Todd lui demande
de ne pas se moquer.
08h47 : Moi, je boude !
08h47'10 : Je me marre bien
aussi, tout de même.
08h47'20 : J'ai vraiment
l'air d'une gourde là-dedans.
08h47'30 :Todd me demande
aimablement s'il peut encaisser le règlement, parce que tout à
l'heure il y aura trop de monde.
08h48 :Je fais deux chèques de
[beaucoup].
08h49 : Todd me demande si la
boutique qui vend des fringues goth sur le cours Ju est encore
ouverte.
08h49'15 : Je dis à Todd que s'il
s'agit d'Alyssea, oui.
08h49'30 : Todd dit qu'il ne
va plus en centre-ville de Marseille. Et qu'il ne s'habille plus
comme ça depuis un moment.
08h49'45 : Life is too short
to be normal, buddy.
08h50 : Todd disparaît on ne sait
où.
08h51 : On continue à dire
quelques conneries, comme d'hab.
08h52 : Todd se repointe avec les
gouttes qui ont l'air de faire mal et m'en injecte dans les yeux.
08h52'20 : …
08h52'25 : Ça ne fait pas mal du
tout.
08h52'30 : Quelle chochotte,
l'autre type.
08h53 : Todd me conduit en salle
d'op.
08h53'10 : Je n'y vois rien à
cause des gouttes.
08h53'30 : Il y a un monsieur avec
un masque qui me fait un signe de tête.
08h53'35 : Je suppose que le
monsieur avec un masque qui me fait un signe de tête est Ghislain
mon gentil ophtalmo.
08h53'45 : Il y a peu de prénoms
dont l'existence me laisse aussi dubitative que Ghislain.
08h53'50 :
Temps sec à la Saint-Ghislain nous annonce un hiver d'eau plein.
08h53'55 : Bref.
08h54 : Todd me fait allonger sur
la table d'opération.
08h55 : Ghislain désinfecte mon
visage avec une lingette fraîche.
08h55'15 : C'est suuuper agréable.
08h55'30 : Je me sens vraiment
super détendue.
08h55'45 : On se croirait dans un
institut de beauté !
08h55'50 : Avec des lumières un
peu plus vives, quand même.
08h55'55 : Et puis un personnel masqué un poil plus flippant.
08h56 : Tout en m'injectant encore
des gouttes dans l’œil droit et en me mettant un pansement sur
l’œil gauche, Ghislain m'explique qu'il va falloir fixer tout au
long de l'opération la lumière rouge.
08h56'30 : Que c'est TRÈS
important.
08h56'35 : Non mais VRAIMENT. TRÈS important.
08h56'40 : La pression.
08h56'45 : Todd trafique je ne
sais quoi derrière, en utilisant plein de termes que je ne comprends
pas.
08h57 : En fait, on dirait
vraiment une vraie opération.
08h57'15 : Ça commence à être
un peu flippant.
08h57'30 : Je crois que je ne suis
plus plutôt détendue.
08h57'45 : Ghislain me dit qu'il
va bloquer ma paupière ouverte avec une pince.
08h57'50 : Je n'ai pas très envie
qu'on bloque ma paupière ouverte avec une pince, parce que je pense
que ça doit être hyper désagréable.
08h58 : …
08h58'10 : Bon. C'est seulement
désagréable.
08h58'20 : Ghislain retouche la
pince pour ouvrir l’œil encore plus grand.
08h58'30 : LA, ça devient hyper
désagréable.
08h58'40 : « Restez calme,
ça ne sera pas douloureux » dit doucement Ghislain.
08h58'50 : Quelqu'un me met de
l'eau ou dieu sait quoi dans l’œil.
08h58'52 : Je sursaute.
08h58'55 : « Vous
sursautez. »
08h59 : Merci. Réflexe
naturel mec !
08h59'10 : "Essayez de rester
calme, Laure" m'enjoint aimablement Todd.
08h59'30 : "Je vais appuyer fort
sur votre œil et votre vision va disparaître momentanément,
explique Ghislain. Après quoi, vous fixerez le point rouge, pendant
toute la durée de l'opération".
08h59'45 : « Succion »
dit Ghislain.
08h59'50 : « Succion »
répète Todd.
09h : Quelque chose appuie très
fort sur mon œil et tout devient noir.
09h00'10 : Sauf le point rouge.
09h00'15 : Euuuuw.
09h00'25 : Ah, c'est sûr que ce
n'est pas douloureux. Par contre, c'est assez-voire-pas-mal désagréable.
09h00'30 : « Restez bien
calme » dit doucement Ghislain.
09h00'40 : Mais, je n'ai pas
bougé !
09h00'45 : « Fixez bien le
point rouge » dit Ghislain.
09h01 : Ghislain me remet de l'eau
ou dieu sait quoi dans les yeux.
09h01'10 : Je resursaute.
09h01'15 : « Vous sursautez
trop » dit Ghislain.
09h01'20 : « Calmez vous,
Laure » dit Todd
09h01'30 : « Regardez bien
vers le haut » dit Ghislain en appuyant je ne sais quoi sur mon
œil.
09h02 : J'ai une très nette envie
de les envoyer se faire foutre.
09h02'10 : ET ARRÊTE DE M APPELER
PAR MON PRÉNOM JE DÉTESTE CA, BORDEL !
09h02'15 : Bon. On inspire, on
expire. On-se-calme.
09h03 : Je ne vois plus rien,
entre un œil caché et un œil noyé.
09h03'10 : Je ne suis plus
détendue du tout.
09h03'20 : « Regardez vers
le HAUT » martèle Ghislain.
09h03'30 : Non mais je veux bien
moi, c'est mon œil qui ne veut pas. Ou mon cerveau.Un des deux, 'voyez.
09h04 : Ghislain passe ce qui me
semble être un pinceau (après coup j'ai pensé au fait que c'était
un scalpel (heureusement que je n'y ai pas pensé avant)) sur l’œil.
09h05 : Je ne sens rien, mais ce
n'est pas pour autant que c'est agréable.
09h05'10 : On me remet de l'eau ou dieu sait quoi
dans l’œil.
09h05'15 : Je resursaute.
09h05'30 : « Vous sursautez
trop » remarque calmement Ghislain.
09h05'45 : J'ai envie de me mettre
à pleurer. JE FAIS CE QUE JE PEUX.
09h06 : Ré-fle-xe na-tu-rel mec !
Bordel !
09h06'15 : « On va lancer le
laser, dit Ghislain. Gardez bien les mains le long du corps, ça va
faire du bruit pendant un moment mais ça ne fera pas mal. Regardez
vers le haut et fixez bien la lumière rouge. »
09h07 : On me retrifouille un truc
dans l’œil.
09h08 : Je crois que Ghislain est
en train d'expliquer que ça ne peut pas mal se passer parce que le
laser se bloque si je bouge, mais je n'assimile plus rien. Je ne me
fais pas de souci pour le laser qui louperait mon œil, je suis en
mode juste [peur].
09h09 : « Quarante cinq
secondes, en quatre fois » annonce Ghislain à Todd.
09h09'02 : Le laser se met à
vrombir.
09h09'10 : Une odeur assez ignoble
de brûlé que je n'identifie pas s'élève.
09h09'15 : Ils sont en train de
brûler mon œil.
09h09'20 : J'essaie d'attraper la
pensée « j'ai voulu être là » mais elle m'échappe, et
je ne pense plus à rien, suite à une panne momentanée de mes facultés (ah ah) mentales.
09h09'25 : Je fixe juste la
lumière rouge.
09h09'30 : Il y a une lumière
verte dans mon champ de vision périphérique et je me traumatise
moi-même en imaginant ce qu'il se passerait si je me mettais à la
regarder.
09h09'35 : Il faut impérativement
que j'arrête de penser à ça avant de me mettre à regarder la
lumière verte comme une conne.
09h09'40 : Lu-mi-è-re rou-ge !
Pense lumière rouge !
09h09'47 : Le laser s'arrête.
09h10 : On inonde à nouveau mon
œil.
09h10'05 : Tétanisée par ce qui
doit être de l'angoisse, je sursaute à peine.
09h10'10 : Plus personne ne prend
la peine de me dire quoi que ce soit.
09h10'15 : Je crois qu'ils
échangent ordres et indications mais je n'intègre plus rien.
09h10'25 : Je ne vois plus rien,
non plus.
09h10'45 : Je profite de ce moment
de calme pour m'excuser avec une petite voix de sursauter autant.
09h'10'50 : « Ce n'est
rien » me répond-on aimablement.
09h11 : Mais déjà on arrache le
pansement de mon œil gauche et on met immédiatement de l'eau ou
dieu sait quoi dedans.
09h11'10 : Je resursaute
faiblement.
09h11'15 : Tout va trop vite. Je
me sens complètement perdue.
09H11'25 : Je n'arrive plus à penser. Je crois que ça tombe bien.
09H11'25 : Je n'arrive plus à penser. Je crois que ça tombe bien.
09h11'45 : On bloque ma deuxième
paupière avec la pince, ce qui cette fois est franchement
douloureux. On me remet de l'eau ou dieu sait quoi. Mon œil est
beaucoup plus sensible. Beaucoup trop. Là, on me fait mal.
09h12 : J'ai presque envie de dire
que j'ai mal (ce qui, quand on me connaît dans un cadre
médical/modif corporelle, est carrément dément).
09h12'05 : Mais fidèle à
moi-même, je la boucle. Je n'ai pas émis la plus petite plainte
pendant quatre heures de tatouage, c'est donc pas pour piailler pour
un coup de laser dans les mirettes..
09h12'15 : Liquides divers dans
l’œil.
09h12'30 : « Regardez vers
le haut et gardez bien l’œil qu'on vient d'opérer ouvert, sinon
ça va faire trop forcer sur l’œil gauche » m'intime t-on.
09h12'35 : On vient de piétiner
mon œil droit, je-ne-veux-pas-le-garder-ouvert, merde !
09h12'40 : Non, mais ça va pas le
faire, je ne veux pas l'ouvrir. Sérieux. Je-ne-plaisante-pas.
09h12'45 : Ma respiration commence
à s'accélérer toute seule.
09h12'50 : Je ne veux pas être
là, je ne veux pas qu'on touche mes yeux, je ne veux PAS !
09h12'55 : Je suis retournée au
stade primaire du ressenti paniqué où on est en train de me faire
des choses que je ne comprends pas, qui me font peur, qui me font
juste vouloir être ailleurs mais qui ne me permettent même pas de
parler.
09h13 : Ce sont mes YEUX !
Les Y-E-U-X ! Le truc qui fait qu'on VOIT ! ARRÊTEZ de
MASSACRER mes YEUX !
09h14 : Pendant qu'ils s'acharnent
sur mon œil, je vainc assez facilement mon début de crise
d'angoisse et me sermonne intérieurement à base de « ça
n'est qu'un affreux et long moment à passer ». Et j'ouvre sagement mon œil droit.
09h15 : Au moins, mon angoisse ça
m'a occupée le temps du raclage de la cornée au scalpel.
09h15'10 : Quand même, je crois
qu'on ne peut vraiment plus dire que je suis plutôt détendue.
09h15'20 : Le laser se remet à
faire du bruit.
09h15'30 : Lumière rouge.
09h15'45 : « Trente
secondes, en trois temps » annonce t-on.
09h15'55 : Cette odeur est
abominable.
09h15 : Même en ne respirant pas,
je la sens.
09h15'05 : Ah ah ah, ça doit
passer avec les larmes dans le conduit lacrymal. S'te bonne blague.
09h16'15 : Le laser s'arrête et
on inonde mon œil.
09h16'30 : L'eau coule dans mes
oreilles, c'est désagréable.
09h16'45 : On retire la pince, en
tirant. La peau pincée me fait mal.
09h16'50 : J'ai l'impression
d'être figée sur la table d'opération, un peu comme un lapin dans
un laboratoire. Je suis sûre que j'ai le ventre qui tremble pareil,
avec les yeux révulsés et tout.
09h17 : On m'enjoint de me lever.
09h17'10 : Je me redresse et me
lève, en mode pilotage auto, les yeux presque clos. J'ai la tête
qui tourne mais je la boucle et je me laisse conduire jusqu'à la
salle d'attente, où je m'allonge sur une chaise longue, sous la
lumière tamisée.
09h18 : Grosse connerie, les mecs,
votre lumière tamisée au plafond.
09H18'30 : Je mets ma main devant mes yeux fermés pour ne plus avoir la lumière.
09H18'30 : Je mets ma main devant mes yeux fermés pour ne plus avoir la lumière.
09h19 : Des gens passent et disent
bonjour.
09h19'15 : Mad dit bonjour.
09h19'30 : Je ne dis pas bonjour.
09h19'45 : Je n'arrive plus à
réfléchir ni à penser à rien.
09h20 : Je suis une boule
d'angoisse.
09h20'15 : Je ne veux plus ouvrir
les yeux. Je ne veux plus bouger.
09h20'30 : Todd se pointe et me
demande de venir pour la visite de contrôle. Je n'ai pas du tout
envie d'y aller mais bon, hein. Yeux presque clos, je le suis.
09h21 : Il y a trois nanas, un
mec, Todd et Ghislain dans la pièce, qui me regardent.
09h21'15 : ...
09h21'30 : Non mais allez-y,
j'adore me sentir observée comme ça !
09h21'45 : Je me traîne néanmoins
jusqu'au fauteuil vert qu'on m’assigne.
09h22 : J'ouvre grand les yeux parce qu'il le faut.
09h22'15 : Je vois beaucoup mieux
que ce que j'aurais espéré.
09h22'30 : Même si c'est un peu
n'importe quoi, quand même.
09h23 : Ghislain examine mes yeux
et semble très satisfait (donc, je le suis aussi). Il me donne rendez-vous pour le lendemain
et me liste un nombre de produits à mettre dans les yeux.
09h24 : Je dis « oui »
et « d'accord » sans rien intégrer du tout.
09h24'15 : Réflexe naturel, mec.
09h24'30 : Todd me débarrasse de
ma charlotte d'un geste autoritaire et efficace, puis me déficelle
manu militari.
09h25 : Les nanas, adossées aux
meubles, continuent à me regarder sans rien dire.
09h25'15 : Okay.
09h26 : Je retourne dans la salle
d'attente, où m'attend Mad.
09h26'30 : Un jeune couple et son
bébé nous regardent fixement.
09h26'45 : Je ne sais pas quelle
tête j'ai mais vu la leur en me regardant, ça ne doit pas être
triste.
09h27 : J'ai envie de dire « je
sais pas pour qui c'est, mais vous allez morfler ».
09h27'30 : Et aussi de leur corner aux oreilles : "et surtout ne sursauteeezzzz pas" ! avant de partir en courant.
09h28 : Totalement exclu, sous peine de se prendre une porte ou un mur.
09h29 : J'espère que maintenant le monde extérieur vaudra les graphismes de Skyrim.
Conclusion : Non ça ne fait pas
mal. Évidemment, ce serait mentir que dire que ça fait mal. Mais
très franchement, je préfère largement trois ou quatre heures de
tatouage qui saigne et qu'on racle au papier essuie-tout toutes les
cinq secondes plutôt qu'un gros quart d'heure de ça. Autant la
douleur pure se gère bien, autant dès lors qu'on s'attaque à
quelque chose d'aussi sensible que les yeux, j'ai l'impression que,
chez moi en tous cas, c'est l'instinct qui reprend le dessus et qui
rend le processus vraiment très, très désagréable.
Mais bien voir hein, ça n'a pas de prix. (enfin, techniquement si. Et non remboursé par la sécu mais ça c'est le jeu, ma pauv' Lucette.)
dimanche 23 mars 2014
Another sunday
Plutôt que d'aller voter et d'avoir l'opportunité ô combien enthousiasmante relevant presque de la réalisation de toute une vie de choisir entre la peste et le choléra, moi, je dessine.
vendredi 21 mars 2014
Yennefer & Cirilla
Yen' et Ciri - parce que je ne me lasse pas des personnages du Sorceleur de Sapkowski, mon favori fétiche que je refourgue avec succès à toute personne me demandant un bon bouquin de fantasy.
samedi 8 mars 2014
Où on comprend que je n'aime pas Fleurus.
Aujourd'hui c'est la journée des droits de la femme, et je vois tellement de pubs visant à faire consommer des fringues, des chaussures et du maquillage - parce que si ça semble être ça le droit de la femme aujourd'hui, sois belle et parle pas trop fort - alors, cet article tombe comme une cerise sur le cupcake girly.
Ok
ok ok, on aime les livres, on aime travailler à Cultura l'esprit
débile, on aime le rayon jeunesse et plus précisément, on
ai-me... Fleurus !
Fleurus
et son « moi j'ai compris que j'édite pour les petits garçons
et pour les petites filles.
Attention,
quand je dis ça, comprenez-moi bien.
J'édite
Pour
les petits garçons
Et
Pour
les petites filles.
Action.
Les
petits garçons et les petites filles.
Shame,
shame, shame on me, quand on me dit « je suis invitée à un
anniversaire et je dois apporter un cadeau pour le nain de la maison/la poupée en jupette, qu'est-ce que vous me conseillez?", je dégaine le livre à toucher Usborne, le
livre sonore Gallimard et « c'est un garçon ou une fille ? »
la collection petit garçon petite fille. Et précisant « Voilà
c'est très fille » ou « c'est très genré ». Mais
je le propose. Mettant en avant le graphisme poupée rond et coloré,
ou le « les engins, c'est une valeur sûre ».
Parfois
j'ai le bonheur de voir mon interlocuteur froncer le nez, en disant
« euh oui non » - variante : « mon mari va
râler et péter une pile si je ramène ça » (monsieur je ne vous connais pas
mais sachez que je vous aime). Mais souvent, on me dit « oooh
oui, c'est chouette ! » - la raison numéro une pour laquelle je le propose, me maudissant généralement pour mon manque d'intégrité et ma tendance à aller au plus facile quand je suis fatiguée par les clients.
Mon
rêve de maman. Mon rêve de princesse. Mon rêve d'actrice. Mon rêve de top model.
…
Je
veux dire, par contre, à quel moment une gamine de 14 mois à 3 ans déclare que c'est vraiment top fun de jouer/devenir (à la) secrétaire ? En tous cas du temps où
j'étais môme, secrétaire n'était dans aucune wishlist d'avenir de
mes copines. Moi je voulais être maîtresse, comme maman. Mais
secrétaire ? Faire des photocopies, le café du patron et se
faire reluquer les fesses quand on ramasse les dossiers ? On me
dira qu'un enfant ne perçoit pas le métier de secrétaire comme ça,
mais j'aimerais savoir ce qui peut faire fantasmer dans ce boulot
(quand on doit être soi-même la secrétaire, pas quand on doit en
avoir une, suivez un peu).
Bon,
il y a aussi mon rêve de vétérinaire, d'accord, d'accord. Mais
quand même.
C'est bien Ninon ma chérie, je suis sûre que tes parents sont fiers de toi. |
Du
côté des ptits mecs, voiture, fusée, bateau, avion. Ce n'est pas
si grave (si on excepte les rimes franchement lamentables avec les
prénoms, mais bon, la littérature jeunesse reste dans le simple et
efficace, puisque ça marche. Pipi caca, ah ah.) Mais bref, ça reste
gen-ré. Et je suis fatiguée de devoir répéter aux parents que non, les dragons ce n'est pas pour les garçons et que oui, les petits garçons peuvent surkiffer un documentaire sur les bébés animaux.
Un best seller de mon rayon. A pleurer j'vous dis ! |
Bon, on
laisse les petits et on s'intéresse à ce que j'ai reçu par pile de 25 pour Noël : le dico des
filles.
(et j'aime autant vous dire que vu le poids du machin, ça m'a un peu gavée de devoir lui trouver une place volante sur le plot fille.)
D'après vous, quiiii va me lire ? |
Coucou,
je suis un joli livre bling bling rouge framboise avec des paillettes
qui brillent, des perles, des pétales de roses et un papillon, je
suis pour les fiiiilles !
A
noter que les trois mots sur la couverture (à part le titre) sont :
« beauté, respect, mode ». Dans cet ordre. On voit le
niveau. C'est bien d'essayer d'intercaler le respect entre la beauté
et la mode, mais ça pue quand même la superficialité à plein nez,
sur base de « je suis superficielle mais respecte-moi comme je suis, nan mais
oh ! ». Ouais. Mais non.
Déjà
donc, on a un peu envie de criser quand on voit la dégaine du
bouquin (qui en plus est une véritable agression visuelle). Mais quand on le lit, c'est pire. Et je ne parle pas de
l'aspect nunuche et consumériste qui se dégage presque à chaque
page, tant et si bien qu'on a l'impression de lire de la presse
féminine.
Je
donne la vie sésibo, merci mon Dieu.
On
reste dans une lignée de pensée très patriarcale et judéochrétine.
Ainsi à propos de l'avortement, il est doctement précisé :
« Si la loi permet cet acte, elle ne le rend pour autant pas
juste ou moral ».
Quoi
quoi quoi. QUOI ! Moral ? Juste ? De quel droit des
mots pareils, des concepts partiaux pareils, viennent-ils parasiter
une définition ? Qui décide de ce qui est moral ou juste ?
Papa, maman, dieu ou Fleurus ?
"On
peut comprendre l'utilité de cette loi tout en réprouvant
l'avortement parce qu'il porte atteinte à la vie humaine"
Merci Fleurus, on
avait compris que les auteurs se tapaient toutes les Manif pour tous,
point n'était besoin d'en retartiner une couche. Mais cette loi n'a
pas à être morale, puisque la morale en temps que code de conduite
à notre époque ne s'appuie en théorie plus sur des concepts de
bien et de mal (j'insiste en clignotant : judéo chrétien).
Bref, après tout, c'est le propre de la justice d'être polymorphe.
Si c'est légal, on peut donc partir du principe que c'est moral,
sauf si individuellement, on est contre – ce qu'on peut être, bien
sûr. Mais en ce cas, on est prié de ne pas l'insérer dans un
dictionnaire. Quand à savoir si c'est juste : On dispose de son
propre corps, oui, c'est juste. Nier les droits d'humains capables de
choix et qui doivent assumer au détriment de vies futures (disons,
loin d'être abouties), ça, ce n'est pas juste. Et ce n'est pas
essayer de culpabiliser préventivement qui résoudra ce grave
problème, surtout quand à aucun moment on aborde les raisons qui
font qu'on peut faire ce choix. Encore une fois, c'est partiel et
partial. Si ce qui était juste pouvait être dissocié du contexte
et du cas par cas, on ne serait plus en train, au XXIe siècle, de se
demander ce qui est juste ou pas. Une fois de plus donc, on garde ses
théories scabreuses pour soi.
D'ailleurs,
à propos de la religion, les articles concernant Dieu et la foi se
cantonnent au christianisme. Moui. En même temps, l'orientation de
Fleurus est catho, rien de neuf sous le soleil. On s'en serait douté
à voir le ton de l'ouvrage.
Fifilles
un jour, fifilles toujours
"En
moyenne, vous devez prendre 20 cm et 20 kg pendant toute votre
adolescence. C'est ce qui vous donnera des allures et des formes de
femme. […] Envolée la petite fille filliforme! Mais rassurez-vous:
les garçons a-do-rent ça!!!"
Déjà vas-y que je te norme d'office, mode complexes à la clé ON. Mais bah si les garçons se branlent en pensant à nos seins tout neufs !
Vous je ne sais pas, mais moi ça me rassure !
… Allez
mes jolies, ravalez vos complexes, vous pouvez à présent être du
bétail à plaire, de la chair à consommer. Quelle importance peut
avoir un mal être, du moment que certains y trouvent leur compte ?
Et on ne parle pas d'autre chose que de la rondeur de vot' cul (pas
trop gros quand même!) ou de vos seins (ça on peut y aller).
D'ailleurs :
"
Vous ne pouvez pas vous empêcher d’être une fille, de réagir
comme une fille, de vous comporter comme une fille… notamment en
présence des garçons."
Carte blanche donc
pour glousser, se pavaner, mettre du gloss en pouffant telle une hyène moyenne, bref, en un mot comme en
cent, se comporter comme la niaise de base. Avec un guide pareil, il
ne faudra pas s'étonner que ce soit le cas si ça arrive, c'est sûr et certain.
Et ensuite, dix ans
plus tard, ce sont les mêmes DINDES qui vont venir acheter La femme
parfaite est une connasse. Quelque part, on fidélise la clientèle.
L'autre sexe. Mais
si, celui qui est long et qui rentre dans les vagins.
"On
peut avoir envie de caresses sans forcément vouloir aller plus loin.
L’important, c’est de le savoir et de le dire, mais aussi de ne
pas laisser le garçon s’embarquer trop loin dans le désir pour
dire "stop" au dernier moment. Un garçon ne fonctionne pas
comme une fille et il ne comprendra pas forcément que vous passiez
des heures à vous laisser cajoler sur un lit si ce n’est pas pour
avoir une relation sexuelle."
Oui, si, on a le
droit de dire stop au dernier moment. Inutile d'essayer de faire de
la culpabilisation sur base de « quand même, tu l'as chauffé,
maintenant, assume ». C'est tellement slutshaming que ça me
dégoûte de pousser le cynisme plus loin. Mon mec me faisait
remarquer que c'était encore très judéo chrétien comme approche :
tu es la femme, le sexe faible et tentateur. Mais alors, assume.
Poussant ainsi la fille dans le système de pensée patriarcale :
la femme comme soumise et inféodée au désir de l'homme, tout en étant par définition la tentatrice, l'Eve originelle.
D'un autre côté,
même si tu te penses homo ma fille, réfléchis bien. Tu ne souffres
sans doute pas de ce mal déviant et contre-nature : tu as juste
peur de l'homme – bon sang mais c'est bien sûr, pourquoi tous les LBGT n'y ont pas pensé avant.
« "A
votre âge, il arrive qu’on vive des relations si intenses avec des
amies (surtout sa meilleure amie) que l’on peut se croire
homosexuelle. On pense qu’on ne pourra jamais aimer autant que cela
un garçon, jamais se comprendre aussi bien qu’entre filles. Ce
peut être simplement que les garçons vous font un peu peur parce
qu’ils sont trop différents, trop incompréhensibles. Vous avez
aussi peut être un peu peur de vous-même, de l’intensité
de désirs nouveaux qui surgissent en vous face auxquels vous ne
savez pas comment réagir. Alors vous vous sentez plus en sécurité
avec des filles parce qu’elles vous ressemblent et que vous pouvez
partager avec elles vos sentiments et vos interrogations."
Bref, ne t'inquiète
pas, tu es faire pour te faire tringler et pondre des bébés,
souffle un coup et laisse Jean Charles te sauter le soir du bal de la
promo parce qu'au fond de toi tu sais que tu en meurs d'envie
(surtout si tu l'as chauffé avant, sale petite allumeuse!)
De toute façon,
dans une précédente édition (2010), il était précisé que le
PACS n'était pas comme le mariage, ce dernier ayant comme but de
fonder une famille. Et que d'ailleurs, les homos savaient que leur
orientation serait difficile pour eux : ils ne pourraient « pas
avoir d'enfant avec une personne du même sexe »
(biologiquement, certes... mais on va au delà de ça, même en 2010)
ni « fonder une famille ».
Attendez... je
boucle ma valise... Là ! Moyen Âge, nous voilà !
Fraternité,
Égalité et réconciliation (pardon)
"Ne
rien faire pour favoriser l’égalité, c’est maintenir les
inégalités de naissance. Mais l’imposer coûte que coûte, c’est
prendre le risque de ruer tout dynamisme, toute créativité. A quoi
bon se donner du mal pour développer ses talents, si l’on n’en
tire aucun bénéfice?"
Je... ah. Oui, bien
sûr, suis-je bête. Mais dites-moi, je vois bien que vous avez une
façon de présenter la chose très sournoise : vous admettez
qu'il faut être pour l'égalité des sexes, pour l'égalité des
droits et des chances parce-qu'on-est-en-2014, mais quand même, pas
trop ! Certains doivent être plus égaux que d'autres, afin
qu'il y ait un peu de fun dans le jeu. Hein, sinon, quel intérêt ?
Il vaut mieux ne pas imposer l'égalité coûte que coûte, pour que
les nantis (intelligence, argent, pouvoir) ne soient pas dégoûtés
de jouer. Ah, mais en fait, vous n'êtes pas pour l'égalité, quoi,
c'est bien le concept de méritocratie que je vois planer au dessus
de tout ça. C'est bien ce qu'il m'avait semblé comprendre.
Par contre je
persiste et signe, ce n'est pas le rôle d'un dictionnaire pour ado
de lister des questionnements éthiques, surtout sans approfondir ni
même être précis concernant le concept d'égalité. Et surtout
quand lesdits questionnements s'avèrent être quelque peu plus
complexes que « bon bah les inégalités c'est mal mais
l'égalité à tout prix s'pas top ». Merci. Mais encore ?
On me dira qu'on ne mâche pas le travail à nos jeunes : on
leur donne la problématique, ils réfléchissent. Sauf que moi, ce
que je vois, c'est un ordre de pensée : on énonce un fait,
puis on le contrebalance (sans argumentation réelle). Restant donc
sur la position numéro deux, qui est... ohhh, comme je suis
surprise ! Ne pas imposer coûte que coûte l'égalité !
Ton corps est sale,
femme.
Les
règles sont par exemple sont un sujet tabou ; après avoir
mentionné des pays où les preuves de la fécondité de la jeune
fille sont accueillies à bras ouvert, on précise pudiquement :
« chez
nous, on est beaucoup plus discret, souvent
on n’en parle pas, et surtout pas à ses frères ou à son père »
Ma
foi, on se croirait dans un épisode de Downtown abbey. « Lady
Sybil vient de perdre les eaux » annonce le médecin. Grantham
père blanchit et esquisse un moment empreint de répulsion et de
gêne – nous sommes dans les années 1900. « Docteur, ce
n'est pas la peine de préciser ce genre de choses devant Monsieur »
glisse élégamment la brune Cora au médecin, qui a eu le culot de
parler de ces choses ténébreuses et féminines constituant le fait
de donner la vie (et des héritiers, crétin!) devant un homme.
Boudiou, mais qu'arrive t-il à ce monde, qu'on se mette à parler de
menstrues à des mecs, j'vous jure !
Ou
alors c'est parce que je n'ai jamais eu de problème à raconter mes
problèmes de cystites et de mycoses à mon père que ça ne me
choque pas, je ne sais pas. C'est la nature, braves gens. On ne parle
pas du voisin qu'on croise entre deux portes, on parle du père et
des frères.
Allo ? Je... de quoi ? Comment ça les femmes font aussi caca ? Vous vous foutez de moi là, ou bien ? |
Concernant
d'autres sujets, comme la pilosité par exemple, on reste classique :
"En
France, l’usage veut qu’on s’épile. Les gens seraient choqués
de vous voir avec des poils sous les aisselles: c’est supposé être
très laid. En fait, cela peut donner l’impression qu’une femme
ne prend pas soin d’elle ou pire, qu’elle est sale. »
Bon,
si vous comptiez changer vos usages (après tout, on y a droit, ce
n'est même pas une anti-poil comme moi qui vais dire le contraire),
après ce genre de semonce dont on ne sait si elle est du lard ou du
cochon, vous en voilà guéri. Même si d'aventure ce n'est pas ce
que pensent les auteurs, on retrouve tous les clichés bien concons
liés à la non-épilation, ce qui fait que le message de base passe.
Je
passe sur les informations un peu discutables, comme l'hépatite B
qui se transmettrait par la salive (wadafuck ? Vous faites vos recherches sur Doctissimo ou bien ?), le mariage avant 18 ans qui
émanciperait (non, à ce jour en 2014 on ne se marie pas avant 18
ans, et ce depuis 2006)), ou le cancer du col de l'utérus qui affecterait
potentiellement les filles dès la puberté et les premiers rapports
sexuels (il faut attendre plusieurs années avant que les cellules
cancéreuses se développent, donc du coup : non).
Bref, un bon gros ramassis de nullités sans intérêt, voire nocives. Heureusement,
ce bouquin est somme toute assez cher, et j'ai le plaisir d'annoncer
qu'il s'est très mal vendu - en tous cas chez moi – à Noël
dernier. Il faut dire que je l'avais sciemment mis en face froide ,
caché derrière les coffrets de cuisine Hello Kitty et les kits
d'origami.
Un
petit dernier pour la route. Et big kiss à mon pote Éric avec qui
c'est toujours un plaisir de s'insurger contre Fleurus&con-sort
ainsi que causer féminisme, Mafalda et homosexualité au boulot.
Et voui et voui. |
Assez
de trucs qui fâchent. Mon coup de cœur du moment, celui qui m'a
fait stopper ma mise en rayon, poser la moitié du cul sur une table
et lire les deux volumes entièrement (ce qui ne m'arrive jamais d'habitude tant on a la coutume d'être en retard sur la mise) :
La
déclaration des droits des garçons et la déclaration des droits
des filles, par Elisabeth Brami, chez Talent haut.
Pour
les garçons : « Pouvoir porter une longue tignasse et des
perles dans les cheveux. Ne pas être un super héros tout les jours.
Avoir le droit de pleurer, de se plaindre, d'être dorloté. D'être
infirmier et de jouer à la dînette ».
Pour
les filles : « Pouvoir sauter dans les flaques, grimper
aux arbres et jouer aux voitures sans être traitée de garçon
manqué. Être bonne en maths et mauvaise en français. Avoir les
cheveux courts ».
Pour
les deux : « aimez qui vous préférez : les garçons,
les filles, ou les deux ».
Evidemment, il ne se vend pas.
Evidemment, il ne se vend pas.
Arrêtez
de dire à un garçon qui pleure : « ce sont les filles
qui pleurnichent ! »
Arrêtez
d'utiliser tapette et tafiole comme synonyme péjoratif dépréciatif
de l'homosexualité.
Arrêtez
d'aller vers le rose et le bleu pour des filles et pour les garçons.
Arrêtez
d'acheter du Fleurus.
Merci.
mercredi 5 mars 2014
Do Androids dream of Electric Sheep ?
2013 |
Je n'ai jamais trouvé un film qui m'ennuie autant que Blade runner. Je veux dire, un film de qualité qui m'ennuie autant que Blade runner. En tous cas, il paraît que c'est un film de qualité.La première fois où je l'ai vu... je ne me rappelle même pas. Ni où, ni quand, ni avec qui. La deuxième fois, je ne m'en suis rappelé qu'en arrivant à la fin du troisième visionnage. "Il est temps de mourir" - visiblement, comme je savais ce que Roy allait dire, c'est que je l'avais vu. Je n'en finis pas d'espérer la fin du film, et de me dire à la fin "tout de même, c'est un bon film. Ok, je me suis faite chier de A à Z, les gus jouent mal, les filles ne savaient pas s'épiler les sourcils, la technologie fait cheap, il est assez abstrait, la colombe à la fin est méga too much, mais c'est un bon film".
"J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli, comme les larmes dans la pluie... Il est temps de mourir."
Ouiii, bon, voilà, rien que pour cette mini-tirade, ça valait la peine de voir le film. Quelque part, je suis bon public.
(et aussi, j'ai une très nette idée de ce que me feront certaines de mes vieilles connaissances fans de SF et d'univers parallèle s'ils tombent sur un point de vue aussi négatif émanant de ma part...)
dimanche 2 mars 2014
La femme parfaite est une connasse, et si vous achetez ce bouquin, vous êtes une conne.
Quand la notion de trop fort reste un point discutable. |
/!\ Sur cette entrée en matière franche et amicale : attention, article non rigolo en
approche (un peu comme le livre incriminé, en fait)
La femme parfaite est une connasse.
Ce livre, on me le demande, à longueur de
journée. Avec diverses variantes savoureuses, bien souvent.
- Vous aurez la femme parfaite... vous
savez ? Oui, je sais.
- Bonjour, je cherche la femme parfaite
est une pute. Oh, monsieur...
- Bonjour, je cherche la femme parfaite
est une salope. Oh, madame...
- Bonjour, je cherche un livre, ça parle
de cinquante histoires de femmes, ça recense des clichés sur les
femmes aujourd'hui, un livre humoristique, vous sauriez... ?
Vous confondez à moitié avec les 50 nuances de mes deux, mais, oui,
je sais.
- Bonjour, je cherche... attendez... j'ai
pris la couverture en photo avec mon téléphone... ça va être plus
simple... attendez, je cherche dans mon sac et... ah... voilà...
Connasse dans ce contexte peut être énoncé madame, vous allez
acheter un livre de merde, ayez au moins le courage de vos opinions/ actes.
- Bonjour, vous aurez toutes les femmes
sont des connasses ? Toi-même, eh, dis !
- Je cherche un livre (oh ? Curieux, en ce lieu !), c'est la
femme parfaite avec une insulte derrière. Ta mère la puuuuute –
pardon madame, ça m'a échappé.
- Euh, bonjour... je cherche, euh... la
femme parfaite... hmm... Ouiii *sourire forcé* je vous montre où il
est rangé. Je vous en prie. Au revoir.
Oui, je sais, je sais, je suis une librairie
aigrie. Qui conspue Musso, Levy, Meyer & E.L James. Et qui est
souvent très critique avec le contenu des têtes de gondole, parce
que c'est bien connu, on vend ce qui se vend – je sais que ça a
l'air d'un truisme énoncé comme ça, mais en fait, c'est avant tout
une réalité malheureuse. On a ce qui se vend, pour le vendre,
point.
Il y a de mes collègues qui profitent
de nos rares moments de liberté (que nous prenons parfois plus
qu'ils ne se présentent à nous en réalité) pour feuilleter ce
livre avec délices ; bouquin que, au vu de son succès simplement
phénoménal, nous avons mis en TG devant l'accueil (et quand je dis
nous, je ne parle pas de moi, qui préfère mettre le Gorafi).
Bref, ce recueil donc, est en évidence
devant nos yeux toute la sainte journée. Ce qui n'empêche pas qu'on
nous le demande face à face dix fois par jour, me permettant de
faire une des choses que je préfère
faire, toucher du doigt le livre sans dire un mot, sans bouger d'un
poil-ou-d'un-cheveux en me fendant d'un joli sourire poli, genre "regardez comme notre magasin est bien pourvu".
Aussi, après
en avoir vendu une centaine en moins d'un mois, ma curiosité quelque peu piquée, j'ai décidé de me
pencher là-dessus pour voir ce qu'il contenait. Bla bla bla, écrit
par deux sœurs jumelles, une humoriste, l'autre journaliste, il vise
à décomplexer la femme imparfaite (toi et moi, sista', quoi), et
aiderait certains hommes à combler leur lacune dans la connaissance
de cet Autre étrange et tentaculaire, le deuxième sexe. A mon avis,
la mère Simone doit être en train de comprendre ce qu'est le
mouvement perpétuel tant elle doit être en train de se retourner en
boucle dans sa tombe.
Je
l'ai feuilleté une seconde (la femme parfaite, pas le
deuxième sexe) et ai immédiatement froncé le nez à l'idée de l'acheter, même avec la carte de réduction du magasin. Comme
on trouve tout sur internet, je l'ai déniché en pdf, et puis, je
l'ai lu.
Ce
livre est un condensé de ce que je n'aime pas.
Des
clichés, du sexisme, des relents de concepts patriarcaux et
judéo-chrétins.
De
la bêtise. De l'envie. De la jalousie. De la mesquinerie. Du
ras-les-pâquerettes. De la pseudo-morale gerbante. Du vulgaire. Le
tout écrit peut-être pas avec les pieds, mais certainement pas avec
le cerveau non plus.
- On
aime trop que nos copines aient pris 3 kg.
- La
mi-molle, c'est mal mais c'est pas de notre fauteuuuuh !
- On
mettra de la javel sur le gâteau au chocolat pour ne pas craquer
dessus.
- Ne
négligez pas la chagasse qui est en vous, elle pourra un jour se
révéler très utile. *
- Presque
toutes les vendeuses de fringues sont des connasses, surtout quand
elles s'habillent mal et qu'elles disent avoir acheté le manteau
qu'on s'apprête à prendre.
- On
ne convoitera pas l'ex de sa copine.
- On
arrêtera de sortir avec des psychopathes parce qu'ils ressemblent à
Mathieu
Kassovitz.
- On
déteste les Beckham et ces couples tellement parfaits.
À
moi-même : Qui est Mathieu
Kassovitz ?
A
moi-même après recherche : Mathieu Kassovitz, euh, ouais ok,
c'est un peu le Christophe Galfard du cinéma. Soit dit sans rancune, le Prince des nuages, ça roxx.
Un jour je te sauverai la mise, ni toi ni moi ne savons comment mais ça arrivera. Boobs! |
Mais
ce n'est pas tout, ce livre soulève également des questionnements
tout à fait fon-da-men-taux.
- Comment
se prendre en photo pour ressembler à une bombe sans double menton.
Et quelle photo choisir pour son facebook ? (sujet primordial
s'il en est)
- Que
disent vos chaussures de vous. Fille normale, salope, pute, ou lady
Gaga, ah ah ah ? (bravo ma grande, t'as bien intégré le
concept de slut shaming)
- Comment
savoir si un homme est trop jeune pour vous ? (ou gay ?)
- Faut-il
coucher le premier soir ?
- Un
des mystères de l'univers : comment font les femmes parfaites
pour avoir un vernis toujours impeccable ? (on ne doit pas avoir
la même définition d'univers)
Et
des maximes très pertinentes du type
« Une
hypocondriaque sommeille en chacune de nous »
« Les
filles qui sont à l'aise avec des talons mesurent
moins d'1,60m »
« On peut s'opposer à ce qu'une
fille drague un garçon si on l'a vu en premier »
« Attention attention attention,
ne pas confondre le mec radin et le mec fauché »
« Ce n'est pas tromper si c'est
en vacances ou si le mec a un prénom qui se finit par un o, comme
Pablo ou Roberto »
« On arrêtera de manger de la
neige... jaune ».
Bon, en écrivant cette dernière
phrase, je pense que ce n'est pas la peine d'aller plus loin, si
d'aventure vous n'aviez pas lu ce livre édifiant, vous devez à
présent avoir une petite idée de la chose. Et tout le reste est du même acabit : aussi con qu'une valise sans poignée.
D'un autre côté, vu le museau des auteurs... A quoi est-ce qu'on aurait bien pu s'attendre ? |
J'ai tout compris à la vie t'as vu.
Des remarques sensées, éclatantes et
passionnantes donc, qui prennent une demi-page, encadrées et écrites
en gras, avec des ptits zigouigouis dans les coins, genre attention,
on a trouvé la révélation du siècle. Autant dire qu'à ce train,
des livres, même moi je pense pourvoir en pondre pas mal. Cela dit,
comme je n'ai plus douze ou quatorze ans depuis longtemps, je ne suis
pas sûre de pouvoir trouver assez d'aphorismes ridicules pour
remplir ne serait-ce qu'une page, et certainement pas avec le brio de
nos sacrées frangines. Encore que, je suppose qu'il me suffirait
d'observer mes contemporains pendant une heure, lister le vent qui
semble leur passer par la tête, et le tour serait joué. C'est sûr
que si on récolte une migraine en ce faisant, ça ne sera pas à
cause de l'excès d'intellectuel mobilisé par l'opération.
Non mais sérieusement, à part dans les films hollywoodiens de merde, il y a vraiment des gens assez cons pour faire ce genre de choses ? |
La médiocrité comme règle et le
syndrome de « je te décomplexe ma poule, surtout change pas ».
La femme normale, en opposition à la
femme parfaite, est décrite comme étant comme vous et moi (le souci
étant peut-être, pour ma part, que je ne me retrouve pas dans cette
femme qui est dépeinte). Elle est normale dans le mauvais sens du
terme : superficielle, nouillasse, obsédée de l'apparence, un
peu de la thune, du qu'en dira t-on et de la fringue. Elle est
jalouse, mesquine, envieuse, se complaît dans la médiocrité et est
passionnée par les people. Et les auteurs lui expliquent : mais
oui ! On est toutes comme ça. La femme est comme ça. Assume et
sois fière ! Be you ! Celles qui sont/prétendent être le
contraire sont des con-nas-ses, ces femmes parfaites les truies. On
se décomplexe donc en listant tous ces traits de personnalités
honteux et pas jolis jolis, et en disant que c'est nor-mal. Et donc,
admissible – c'est là que ça coince, pour moi. Bref, on va donc
rire en se reconnaissant – parce qu'être une dinde est visiblement
fendard – et acheter le livre pour ses copines, sa voisine, sa
cousine ou sa maman, parce que « c'est trop çaaaa ».
Pardon, mais le problème, c'est que
petit a, on n'est pas toutes comme ça, petit bé, on ne veut pas
forcément admettre ce modèle comme souhaitable, petit cé, un peu
marre du culte de la médiocrité décomplexée, petit dé, pas sûr
que les mentalités changent un jour si des femmes se font les
portes-parole de leur propre connerie revendiquée et exaltée.
« Mais franchement, on est comme
ça » s'offusque à demi ma collègue « moi quand je lis
ça, je me retrouve à toutes les pages, ça m'a trop fait rire ! »
Je ne vois pas quoi répondre. Alors je
me tais, et je poste, rageuse, sur facebook, des liens d'articles
assassins,. Et le débat finit par éclater, de toute façon, car
tout le monde ne met pas comme moi de l'eau dans son vin, d'ailleurs
même moi si on me pousse assez, je finis à l'alcool à 90°.
Rendant froide l'ambiance des jours suivants au taff avec certaines de mes collègues, j'aime autant
le préciser. Moralité : évitez vos collègues sur les réseaux sociaux quand
vous avez des opinions qui finissent par critiquer de façon acerbe
90% de l'humanité ; je vous le conseille. Je le savais, que
j'avais facilement un tempérament de connasse élitiste méprisante, mais au
final, quitte à revendiquer quelque chose, je préfère que ce soit
le mépris plutôt que la stupidité. Position dont ma gentillesse
(et – ou faiblesse) naturelle se satisfait bien mal.
... Non. |
De l'humour comme façon de faire
passer tout et n'importe quoi.
Et autant le dire : surtout n'importe quoi. Pourtant, on le sait aujourd'hui,
utiliser l'argument de l'humour – en l'occurrence du manque
d'humour – pour discréditer le point de vue de son interlocuteur
est un sophisme. Tout comme l'humour ne vous rend pas pertinent, ni
ne dédramatise votre discours.
Le souci demeure donc, à mes yeux, que
ce bouquin fait passer les femmes pour des connes. Pas pour des
connasses, non, pour de simples et pures crétines. Le genre de nanas
qu'on ne peut que mépriser quand on a un minimum de cervelle,
d'intégrité et d'espoir que l'humanité évolue un peu à moyen
terme. Je ne le prends pas du tout pour moi en tant que femme,
puisque je ne me retrouve ni dans la femme lambda, ni dans la
connasse. Je le prends en tant qu'être humain qui toise ses
congénères et qui secoue la tête d'un air désabusé et affligé.
Alors, oui, très certainement, selon
les critères actuels, je ne suis pas drôle, je n'ai pas le sens de
l'humour, je ne comprends pas le second degré...
Bon, alors en fait, si. Seulement, je
suis aussi capable de voir tout ce qui se cache derrière cet
humour : un sexisme inconscient, d'autant pire qu'il émane de
femmes, car on ne peut même pas leur reprocher de desservir
sciemment la cause féminine. Entendons-nous bien, je ne fais pas de
chacun de mes actes une bataille pour la cause du féminisme et loin
s'en faut, mais là, c'est sexiste ET débilitant, et c'est un
best-seller (donc impact considérable, et de plus les clichés sont
légitimés parce que vaguement « discrédités » par
l'humour (mais alors, si c'est de l'humour, pourquoi tant de femmes
gloussent « c'est trop çaaa »?)). Ce qui montre que la
bêtise des gens est une constante sur laquelle on peut tabler –
quoi de neuf sous le soleil, ai-je envie de rajouter.
Mais rassurez-vous, on peut trouver
dans ce livre des bons de dispense pour un rapport sexuel avec son
mec, ou des veto à donner à ses copines pour ne pas qu'elles
draguent un mec sur lequel vous avez flashé.
Maturité, badum tssss.
Le sexisme et le cliché
On prend l'image de la femme
véhiculée par la pub, la ménagère de moins de cinquante ans, la
rédactrice du magasine people de base, on secoue un bon coup, et on
laisse décanter. Ce livre véhicule une image on ne peut plus
traditionnelle de la femme, qui essaie de s'affranchir mais qui garde
quand même son petit côté fifille, le genre marinière, rouge à
lèvre corail, Voici sous le bras et assertion revendiquée haut et
fort et faisant une jolie pirouette sur ses (fake) louboutins :
« je suis une femme, je suis donc chieuse et incohérente, hi
hi hi, c'est dans ma NATURE ».
[qui me connaît assez m'imagine
aisément à ce moment précis en train de défoncer un mur à coup
de new rocks en poussant des grognements gutturaux, tant le concept de nature/culture reste sujet à discussion.]
Voilà, typiquement le genre d'attitude que j'aime chez mes con-soeurs (et je ne parle pas de l’avantageuse paire de seins) |
Pourtant, je fais partie des gens qui
peuvent rire avec plaisir de saillies sexistes en tout genre :
comme dirait Desproges (avant qu'on ne l’interprète mal, comme
souvent) : on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. Ce
n'est pas qu'il y a des gens pour qui certains sujets sont tabous et
qui sont des culs serrés qui n'ont pas d'humour, non. C'est plutôt qu'il
y a des personnes X qui disent des choses dont on rirait avec
certains Y, mais pas avec ces dites personnes X, parce qu'elles ne
plaisantent qu'à moitié, voire, pas du tout. Je peux rire quand c'est mon mec qui
balance un cliché sexiste, parce que je sais qu'il n'y a pas moins
macho. Je ne peux pas rire de clichés avec des nanas qui visiblement
les ont intégrés et qui les trouvent drôles, anodins, pas si
graves (qu'on ne me reproche pas de leur prêter ce point de vue
alors qu'elles « plaisanteraient juste », on n'écrit pas
un bouquin comme ça si on a conscience des travers du monde dans
lequel on vit ; de toute façon j'ai vu leurs interviews, ça n'a
fait que me conforter dans mon point de vue). Je ne nie pas
l'existence de la pertinence de ces clichés, mais je trouve ça
lamentable plutôt qu'amusant, parce que ça perpétue une mentalité
qui me révulse. La femme idiote, la femme superficielle, la femme
tête de linotte, inconstante, non-intègre, satisfaite de ses
défauts. L'inférieure. Une femme comme ça, oui, je la trouve
inférieure.
Rééquilibrons les choses, les hommes
ne sont pas mieux présentés – et toujours sous l’appellation « les
hommes » (car c'est bien connu, 3 milliards d'êtres humains =
une psychologie type. On ne va pas se fouler non plus, hein !) On nous parle donc du radin, de l'attardé ado mode jeux vidéos, de l'obsédé
qui quand même bande-mou en tripant sur les cagolles* du footeux et du
bricoleur. Bref, du mec, quoi. A l'attention de ces messieurs, des
conseils très pertinents à base de «Pour notre anniversaire, ne
nous offrez pas de sex toys, d'abonnement à World of Warcraft ni de
déshabillé sexy ». Autant dire qu'à ce moment de ma lecture,
j'ai pensé très fort à ne PAS faire lire ce passage à mon mec. Ma trollesse drood me manque (et je ne ferai pas de réflexion sur l'intérêt des sex toys). Bref.
*sic. Quitte à écrire de la
merde, bordel de diantre, écrivez-la correctement !
Et la littérature dans tout ça ?
Je crois que ce n'est même pas
vraiment la peine d'aborder le sujet. C'est un livre écrit avec des
mots, point. Et ce n'est pas citer Sartre en guise de préface qui va
y changer quoi que ce soit – mais bien essayé.
_____________________________________
Je suis contente, juste une fois,
d'avoir pu dire tout le mal que je pensais de ce livre, devant un
homme et sa femme venus acheter autre chose et lorgnant sur ce livre,
placé à dessein sous leurs yeux :
« C'est bizarre ça comme titre.
Vous l'avez lu ?
- Oulah. Oui.
- Ah... et vous en avez pensé quoi ?
- Alors puisque vous m'en parlez... »
Est-il nécessaire de préciser qu'ils
sont repartis sans ? Après m'avoir hautement approuvée. Gniah.
Mais on a tous différents points de vue (et je laisse les couleurs originales, tant de créativité me laissant dubitative...)
"A
l’arrivée, on a un
livre vivant et vibrant, un objet drôle qu’on voudrait
passer à sa voisine sitôt l’avoir refermé mais qu’on peine à
céder finalement parce qu’on y revient toujours. Comme
quelque chose d’indispensable , une sorte de vade mecum
contemporain qu’on casera à tout prix dans le plus petit des sacs
à main (au risque d’en faire péter les coutures) entre le
smartphone, la CB et le rouge à lèvres."
Et si on prenait encore plus le lectorat pour des cons en bricolant une édition collector toute pourrie ? Oh ouais allez, soyons fous ! |
Voui. Feeeeemmes, je vous aiiiime...
Ou pas.
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